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Il était une fois... un voyage, une rencontre qui passe
6 avril 2007

BURKINAFASO – MALI : Un voyage à travers la brousse et le Sahel

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DIMANCHE 20 FEVRIER 2005
Départ de CDG à 16h30, arrivée à Ouagadougou au Burkina Faso à 22h30 : 21h30 heure locale.

 

LUNDI 21 FEVRIER
DSCF0009Debout à 6h, autant prendre les bonnes habitudes dès le premier jour. Le départ tarde déjà, il faut dire que c’est très compliqué de faire du change. Bon, on est tout de suite dans le rythme Africain, patience……

C’est partie, Burkina, nous voilà ! Nous sommes équipés d’un 4x4, d’un camion 10 places non tout-terrain et d’un gros camion nourricier contenant à lui seul nos provisions, nos conteneurs à glaçons et à eau pour les douches. Nos bagages sur le toit (ça reste toujours assez comique d’en perdre un ou deux en court de route…), nous parcourons vite les quelques kilomètres de bitume nous menant plus profond dans les terres vers le reste de notre route qui sera faite de terre battue striée tout le long. Il est difficile de s’entendre dans le camion mais l’ambiance commence à prendre et on rigole bien. Jusqu’au moment où : le 1er pneu du camion nourricier éclate, suivi bientôt par un deuxième… Ca commence fort, on est directement mis au parfum !DSCF0078

1ère leçon : en Afrique, on sait quand on part (et encore…) mais on ne sait jamais quand on arrive.

1er arrêt à Kanya où nous déambulons dans le marché au cuir, premiers achats, premiers marchandages… bon, on est pas encore doués, c’est tout un art de marchander. Je trouve ça un peu gênant même quand on considère que ce ne sont que DSCF0028des produits artisanaux et que la valeur que l’on peut donner aux choses est tellement différente entre ici et chez nous. Mais ça fait partie des coutumes. Le marchand t’annonce un prix que tu divises par 3 et s’en suit une longue négociation, il descend un peu le sien, toi tu montes un peu mais pas trop, etc. Ca peut durer des heures selon ce que tu veux acheter et le prix que tu veux réellement y mettre mais avec un peu de patience, la transaction peut être vraiment très intéressante. Bref, il va falloir que l’on s’entraîne !


MARDI 22 FEVRIER
Première nuit dans la brousse, nous avons opté pour une nuit à la belle étoile, ceux qui ont peur des scopions ont préféré la tente.

Réveil : 6h30. Il faut se lever tôt pour profiter de la journée, dans 2-3h, il fera 45°, et la nuit tombera  (c’est bien le mot…) vers 18h.

Pendant la nuit, arrivés d’on ne sait où, des ribambelles d’enfants et jusqu’à la plus vieille génération nous entourent. UnDSCF0047 village se serait-il construit près de notre camp pendant que nous dormions ? Mais d’où viennent-t-il ? Il n’y a pas d’habitation à moins de 10 km alentour ! Ils restent là, regroupés, et nous observent… Curiosité ? Crainte ? Attente de notre futur départ pour récupérer nos « restes » ? Sans doute un peu de tout ça. Quoi qu’il en soit, c’est un sentiment bien étrange que de faire tous nos petits gestes quotidiens épiés par tous ses regards profonds. Le déjeuner n’a pas le même goût, je me sens comme un animal en prison mais sans la cage. Ils me semblent inaccessibles, au-delà la barrière du langage, il y a le fossé de la culture…

DSCF0048A notre stupéfaction, ce n’était qu’un début, pendant que nous levons le camp, ils se font de plus en plus nombreux. Autour de nous, ce sont des rires d’enfants qui nous sollicitent pour avoir un « bic », un « bidon » ou un « cadeau ». Oui, avec le sourire, on pourrait même croire qu’ils se moquent de nous, les blancs, les "êtres supérieurs" qui ne sont même pas capable de les comprendre… Un des jeunes de la colo tente de leur donner quelques stylos mais c’est la ruée ! Tous les enfants se précipitent et se bousculent pour en tenir un entre leurs mains et ici, c’est la loi du plus fort. Le petit garçon de 4 ans aura raison sur celui de 2 ans, celui de 10 sur celui de 4, etc. Si l’on donne quelque chose à un petit, c’est un plus grand qui s’en emparera et qui décidera de le garder pour soi ou de le distribuer. Pour nous, c’est difficilement supportable, il faut partager ! Mais comment partager un bic pour 5, 10 enfants ?DSCF0043

On est pas au bout de nos peines, si l’on peut dire, car pour notre premier bivouac, ce terrible choc que nous observerons chaque matin de notre séjour, nous glace le sang : sitôt le camp rangé, tous les enfants se précipitent sur nos poubelles et les dépouillent en se bousculant pour obtenir le moindre morceau de quelque chose. Ce quelque chose, qui pour nous, est tout a fait répugnant. Et encore une fois, ils repartent chargés de leurs trouvailles, avec le sourire…


DSCF0058BANI : Un homme du village, un des seuls parlant le français, nous mène jusqu’à la mosquée en terre séchée. Les 100 piliers qui la soutiennent n’ont pas résistés à la dernière saison des pluies et une partie c’est effondrée lourdement.

L’Afrique, par son histoire, est le pays des voyages, où rien n’est fixe. La population a toujours bougé et changé de terre en fonction des catastrophes qui les ont pourchassées : la colonisation et ces centaines de milliers d’esclaves contraint de quitter leur terre d’origine pour ne jamais y revenir, les sècheresses et la famine qui les ont tant de fois forcés à chercher des territoires plus fertiles pour survivre. Toute cette mouvance fait de l’Afrique d’aujourd’hui un continent où des tas d’ethnies, au langage, aux traditions, à la culture différente, se côtoient. Pas simple l’affaire… Bref, on y trouve donc des musulmans ou des chrétiens, des animistes aussi, parfois, ils peuvent être les 2 à la fois. Mais ils semblent pourtant vivre en relative harmonie. Dans certaines régions, on voit même deux ethnies différentes être voisines et vivre en paix sans se côtoyer (voir le lundi 27 février).

 Le prophète Mohammed nous invite dans sa case, il souhaite nous parler. « Ibay, Ibay » (pardonnez l’orthographe), les plus âgés effraient les enfants pour nous laisser entrer et offrir à nos oreilles la voie du prophète et de son traducteur. Ils sont 2 dans la case parmi la 10aine d’hommes se trouvant là à parler et comprendre le Français, dont l’un écrit sur un cahier d’écolier, il m’intrigue car son visage reflète une grande intelligence et une soif de savoir mêlée à un regard si triste, si soumis…

Je bois les paroles du prophète dans l’espoir qu’il pourra nous apprendre des choses, nous expliquer pourquoi nousDSCF0064 sommes richesse et eux pauvreté. Mais je ressort un peu déçue, bien que très émue pas son message. Oui, c’est nous qui façonnons le monde de demain, nous, les jeunes (mais si, j’en fais encore partie…). C’est nous qui désamorcerons les grenades que nous avons dans les mains. Mais de là à suivre le chemin qu’a tracé Allah pour nous… A chacun ses croyances, à chacun ses interprétations. Très étonnée, je constate qu’ils considèrent l’homme blanc comme un être supérieur, vecteur de progrès, moi qui me sens ici, comme une petite fourmi… Il paraîtrait même que des milliers de prophètes parcement les cieux à la création du monde, les 243 premiers à être descendus sur terre étaient blancs. Je reste septique… De son message je décide de ne retenir qu’une chose principale : il faut chercher le bien pour être en total harmonie avec soi-même et aller de l’avant.

Avant de partir j’échange quelques paroles avec le jeune homme au cahier, nous avons la même opinion malgré tout ce qui nous sépare : l’homme est sans cesse partagé entre le bien et le mal, chacun choisit son camp… 

Nous reprenons la route mais sommes rapidement stoppé à nouveau. Pour la 3ème fois en 2 jours, un pneu du camion nourricier a littéralement éclaté ! Nos chemins se séparent donc et nous continuons sans lui notre périple vers GORUM GORUM. Nous sommes accueillis par un barrage de police permanent. Le contrôle des passeports prend le temps nécessaire puis nos guides nous amènent jusqu’aux dunes d’OURSI. Nous voici d’un coup de baguette Vaudou projetés dans le désert ! Des enfants nous entourent à nouveau et nous font vivre un moment magique de réel partage cette fois, car nous jouons avec eux dans le sable.

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2ème leçon : les choses les plus simples sont souvent les meilleures.


MERCREDI 23 FEVRIER
Une panne et une crevaison plus tard… nous reprenons la route vers Djibo en passant par Arinbinda où nous découvrons des gravures rupestre

Par chance, il y a une auberge de jeunesse à Djibo ! Heu, bon, celle là, elle ne doit pas être classée. Les locaux sont tellement délabrés, les matelas tellement « gatés », les chambres tellement infectées d’insectes en tout genre que nous optons pour une douche en espadrille et une nuit à la belle étoile.

 

DSCF0152JEUDI 24 FEVRIER

Au réveil, une surprise nous attend... Autour de nous, des vautours se pavanent dans une danse majestueuse. Si leur gueule est assez effrayante, leur façon de tournoyer est plutôt hypnotisante. Visiblement nous ne sommes pas leur cible, ouf !

Le camion nourricier, lui, ne se montre toujours pas, serait-il de mise avec les vautours ? (…)

A OUAHIGOUYA, nous nous arrêtons à l’ASED, l’orphelinat où nous allons passer un moment inoubliable. Le contact se fait très vite, nos jeunes vont à la rencontre des enfants de l’association et déjà, un climat d’échange se dessine. Je m’atèle à la cuisine avec les animatrices qui, à ma grande surprise, découvre la recette du taboulé. Elles en profitent pour se moquer de ma façon de cuisiner  « à l’occidentale », mais je n’en ai que faire et Manu et moi les taquinons à notre tour en leur montrant que l’on peut faire une sauce avec de la moutarde… La bonne humeur est de la partie et c’est avec allégresse que les enfants partagent leurs jeux et leurs chants avec nous. Nos émotions nous submergent car malgré les sourires qui marquent les visages de ces enfants, comment ne pas avoir conscience que leur avenir n’est qu’incertitude. Bientôt, nous seront rentrés chez nous, entourés des proches aimants et de notre confort matériel. Eux, seront encore là, plein de l'espoir d’une vie meilleure. 
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Le camion ne pointant toujours pas le bout de son pare-choc nous décidons de passer la nuit dans l’annexe de l’orphelinat, une petite maison nous offrant douche et terrain pour planter le camp. Quelques enfants nous rejoignent, les plus grands nous ont concocté du riz gras accompagné d’une sauce au poisson.


DSCF0202VENDREDI 25 FEVRIER :    LE MALI
Le paysage change radicalement !
Du Burkina, son paysage alternant entre sécheresse et dunes de sable, ses villages en terre et ses cases surmontées de chapeaux de paille en pointe ; au Mali, ses falaises ressemblant à des minis canyons, ses champs verdoyants de plantations d’oignons, ses magnifiques cases à Palabres aux piliers sculptés par des mains expertes et aux gigantesques toits en tige de mil s’élevant jusqu’au ciel. Ces cases à Palabres sont réservées aux discussions masculines et aux « tribunaux » du village, c’est là que tout se règle. Mais en tant normal, seuls les hommes s’y prélassent.

Au Mali, les visages aussi sont différents : le squelette de la tête est marqué par une mâchoire avancée surplombée de grandes dents et des signes tribaux encrés dans leur cou, leurs lèvres, leurs oreilles donnent aux peuples Maliens une caractéristique particulière.

La pauvreté et le sous-développement semble plus marqués encore, surtout dans les villages situés au milieu de la brousse et dans les grandes villes, les enfants sont moins oppressants bien que toujours demandeurs et on rencontre moins d’adeptes de la langue française, ce qui rend l’échange encore plus difficile.

DSCF0223Nous nous arrêtons dans le désert à la rencontre d’une population en pleine activité. 2 puits séparent les hommes des femmes et chacun travail sans relâche. Les hommes et les garçons tirent l’eau du puit à l’aide d’un dromadaire tandis que les femmes usent de leurs bras dans un tumulte des langues.

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Nous poursuivons ensuite notre route jusqu’à un village dont nous ne pouvons qu’admirer l’architecture. Le chef du village tente de négocier le prix des photos, nous décidons donc de ranger nos appareils.

Le tourisme blanc laisse des traces où qu’il passe… Nous profitons ici de la plus belle case à Palabre de la région pour enrichir notre culture de l’histoire du peuple Dogon. 

Ce soir, le bivouac se fera à 30 minutes des falaises de Bandiagara, toujours entourés de notre public qui se renouvelle sans cesse. Je constate une fois de plus le « pouvoir » des blancs en observant Maurice (notre responsable prestataire) faire régner l’ordre en traçant une ligne sur le sol avec son pied que les Maliens n’osent franchir… Mais j’ai aussi compris une chose qui calme ma révolte contre la suprématie blanche : c’est un mode de fonctionnement ici. Comme je l’ai dit tout à l’heure, le plus vieux règne sur le plus jeune et même entre eux, les noirs sont très autoritaires et n’hésitent pas à brandir la baguette pour mettre de l’ordre. Sans doute des restes du colonialisme…


SAMEDI 26 FEVRIER  -  PAYS DOGON
La journée s’annonce sportive : après quelques 60 minutes d’attente habituelle (à l’ordre du jour : problème électrique sur le camion nourricier) le sable nous montre qui décide ici, et c’est, toujours avec bonne humeur que nous lui prouvons que l’union fait la force. « Les Blancs » : 1 / le sable : 0. Non mais !!!DSCF0244

Nous découvrons le peuple Dogon à Banani accompagnés de notre guide, Abdoulaï. Village dans les falaises, nécropoles, tortue et serpent sacré, cases à Palabre strictement réservées aux hommes, case du sorcier… Tout ici est prétexte à tradition et on sent, malgré une population au mélange musulman et chrétien, un fort ancrage des croyances animistes. On est vraiment dans une autre dimension !

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     Grenier à grains              Nécropole             150 ans d'âge !!!

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DIMANCHE 27 FEVRIER
Festival des Masques Dogon.
La sortie des masques Dogon, quel privilège ! Malheureusement, aujourd’hui c’est plutôt Zombie party, au menu : nausée, mal de ventre et diarrhée… Je vous passe les détails...
Malgré tout, la fête bat son plein : défilé de chasseurs Dogon accompagnés de leur effrayante Hyène, et les magnifiques masques et costumes Dogon venus des différentes contrées du pays. Leurs danses sont envoûtantes et il y a presque plus de participants que de public.

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(voir plus de photo dans l'album Bukina-Faso/Mali  - février 2005)

LUNDI 28 FEVRIER - DJENNEDSCF0345Pour aller jusque Djenné, il faut passer le bac pour traverser le Bani. Pfff, moi je l’ai déjà le bac, depuis longtemps même. Ah non c’est pas ce bac là, pardon…
Non, il s’agit ici de pirogues géantes sur lesquelles on passe les voitures et les camions pour traverser le fleuve du Bani. Nous en profitons pour faire nos petites affaires (on a bien compris l’histoire du troc depuis que nous sommes au Mali).

Nous arrivons à Djenné sous une chaleur vraiment pesante et l’eau de nos gourdes est chaude. Pour ne rien arranger, nous sommes en retard sur le planning et nous devons faire vite pour visiter cette magnifique ville qui aurait mérité qu’on l’honore en y restant un jour ou 2. Djenné est très typique, on dit que c'est la petite sœur (jumelle) deDSCF0341 Tombouctou. Les maisons sont faites de Banco (un mélange de paille et de terre) et régulièrement (tous les 2-3 ans), les habitants travail le Banco dans des grands trous au sol de la taille d’une empreinte de dinosaure (genre j’ai déjà vu un dinosaure…) et en recouvre leurs maisons d’une couche supplémentaire en   
prévision de la saison des pluies. On retrouve à Djenné 2 types d'architectures : marocaine et soudanaise.

DSCF0346Pendant que nous traversons le marché, l’odeur forte du banco se mêle aux milles odeurs des épices, des peaux, des fruits et des légumes et nos narines s’emplissent de ces senteurs propres à l’Afrique. Que c’est bon ! (enfin, pas pour tout le monde, pauvres petits estomacs retournés…).

Djenné, peut-être nos chemins se croiseront à nouveau un jour…


En attendant, nous voici à Mopti. Vite dans la pirogue avant que la nuit ne tombe. Nous accostons dans un village deDSCF0365 pêcheurs, les Bozo. Puis, nous passons du Bani au Niger pour rendre une petite visite à 2 ethnies voisines mais qui ne se côtoient pas pour autant (ah ben voilà, il n’y a pas chez nous qu’on ne parle pas à ses voisins) : des Touaregs et des Bozos je crois. 

C’est tout ce que nous verrons de Mopti, juste l’envie d’y revenir et c’est déjà pas mal.


MARDI 1 MARS
La fin de notre voyage approche...
De retour à Ouaga, nous sommes acceuillis dans une école publique, on peut se demander qui des enfants ou de nos jeunes sont les plus intrigués. Nous sommes agréablement supris de la rigeur avec laquelle sont donné et suivi les leçons. Et dans la cours de récréation, les cris des enfants nous rappel que partout dans le monde ils en sont l'avenir...

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Commentaires
N
Merci pour ce petit voyage c'est sympa de nous le faire partager
Il était une fois... un voyage, une rencontre qui passe
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