BURKINAFASO – MALI : Un voyage à travers la brousse et le Sahel
DIMANCHE 20
FEVRIER 2005
LUNDI 21
FEVRIER
Debout à 6h, autant prendre les bonnes
habitudes dès le premier jour. Le départ tarde déjà, il faut dire que c’est
très compliqué de faire du change. Bon, on est tout de suite dans le rythme
Africain, patience……
C’est partie, Burkina, nous voilà ! Nous
sommes équipés d’un 4x4, d’un camion 10 places non tout-terrain et d’un gros
camion nourricier contenant à lui seul nos provisions, nos conteneurs à glaçons
et à eau pour les douches. Nos bagages sur le toit (ça reste toujours assez
comique d’en perdre un ou deux en court de route…), nous parcourons vite les
quelques kilomètres de bitume nous menant plus profond dans les terres vers le
reste de notre route qui sera faite de terre battue striée tout le long. Il est
difficile de s’entendre dans le camion mais l’ambiance commence à prendre et on
rigole bien. Jusqu’au moment où : le 1er pneu du camion
nourricier éclate, suivi bientôt par un deuxième… Ca commence fort, on est
directement mis au parfum !
1ère leçon : en Afrique, on
sait quand on part (et encore…) mais on ne sait jamais quand on arrive.
1er arrêt à Kanya où nous
déambulons dans le marché au cuir, premiers achats, premiers marchandages… bon,
on est pas encore doués, c’est tout un art de marchander. Je trouve ça un peu
gênant même quand on considère que ce ne sont que des produits artisanaux et
que la valeur que l’on peut donner aux choses est tellement différente entre
ici et chez nous. Mais ça fait partie des coutumes. Le marchand t’annonce un
prix que tu divises par 3 et s’en suit une longue négociation, il descend un
peu le sien, toi tu montes un peu mais pas trop, etc. Ca peut durer des heures
selon ce que tu veux acheter et le prix que tu veux réellement y mettre mais
avec un peu de patience, la transaction peut être vraiment très intéressante.
Bref, il va falloir que l’on s’entraîne !
MARDI 22 FEVRIER
Première nuit dans la brousse, nous avons opté pour une nuit à la belle étoile, ceux qui ont peur des scopions ont préféré la tente.
Réveil : 6h30. Il faut se lever tôt
pour profiter de la journée, dans 2-3h, il fera 45°, et la nuit tombera (c’est bien le mot…) vers 18h.
Pendant la nuit, arrivés d’on ne sait où, des ribambelles d’enfants et jusqu’à
la plus vieille génération nous entourent. Un village se
serait-il construit près de notre camp pendant que nous dormions ? Mais
d’où viennent-t-il ? Il n’y a pas d’habitation à moins de 10 km
alentour ! Ils restent là, regroupés, et nous observent… Curiosité ?
Crainte ? Attente de notre futur départ pour récupérer nos
« restes » ? Sans doute un peu de tout ça. Quoi qu’il en soit,
c’est un sentiment bien étrange que de faire tous nos petits gestes quotidiens
épiés par tous ses regards profonds. Le déjeuner n’a pas le même goût, je me sens comme un animal en prison mais
sans la cage. Ils me semblent inaccessibles, au-delà la barrière du langage, il
y a le fossé de la culture…
A notre stupéfaction, ce n’était qu’un
début, pendant que nous levons le camp, ils se font de plus en plus nombreux.
Autour de nous, ce sont des rires d’enfants qui nous sollicitent pour avoir un
« bic », un « bidon » ou un « cadeau ». Oui, avec
le sourire, on pourrait même croire qu’ils se moquent de nous, les blancs, les
"êtres supérieurs" qui ne sont même pas capable de les comprendre… Un des jeunes
de la colo tente de leur donner quelques stylos mais c’est la ruée ! Tous
les enfants se précipitent et se bousculent pour en tenir un entre leurs mains
et ici, c’est la loi du plus fort. Le petit garçon de 4 ans aura raison sur
celui de 2 ans, celui de 10 sur celui de 4, etc. Si l’on donne quelque chose à
un petit, c’est un plus grand qui s’en emparera et qui décidera de le garder
pour soi ou de le distribuer. Pour nous, c’est difficilement supportable, il
faut partager ! Mais comment partager un bic pour 5, 10 enfants ?
On est pas au bout de nos peines, si l’on peut dire, car pour notre premier bivouac, ce terrible choc que nous observerons chaque matin de notre séjour, nous glace le sang : sitôt le camp rangé, tous les enfants se précipitent sur nos poubelles et les dépouillent en se bousculant pour obtenir le moindre morceau de quelque chose. Ce quelque chose, qui pour nous, est tout a fait répugnant. Et encore une fois, ils repartent chargés de leurs trouvailles, avec le sourire…
BANI : Un homme du village, un des seuls parlant le français, nous mène jusqu’à la mosquée en terre séchée. Les 100 piliers qui la soutiennent n’ont pas résistés à la dernière saison des pluies et une partie c’est effondrée lourdement.
L’Afrique, par son histoire, est le pays
des voyages, où rien n’est fixe. La population a toujours bougé et changé de
terre en fonction des catastrophes qui les ont pourchassées : la
colonisation et ces centaines de milliers d’esclaves contraint de quitter leur
terre d’origine pour ne jamais y revenir, les sècheresses et la famine qui les
ont tant de fois forcés à chercher des territoires plus fertiles pour survivre.
Toute cette mouvance fait de l’Afrique d’aujourd’hui un continent où des tas
d’ethnies, au langage, aux traditions, à la culture différente, se côtoient.
Pas simple l’affaire… Bref, on y trouve donc des musulmans ou des chrétiens,
des animistes aussi, parfois, ils peuvent être les 2 à la fois. Mais ils
semblent pourtant vivre en relative harmonie. Dans certaines régions, on voit
même deux ethnies différentes être voisines et vivre en paix sans se côtoyer
(voir le lundi 27 février).
Je bois les paroles du prophète dans
l’espoir qu’il pourra nous apprendre des choses, nous expliquer pourquoi nous
sommes richesse et eux pauvreté. Mais je ressort un peu déçue, bien que très
émue pas son message. Oui, c’est nous qui façonnons le monde de demain, nous,
les jeunes (mais si, j’en fais encore partie…). C’est nous qui désamorcerons
les grenades que nous avons dans les mains. Mais de là à suivre le chemin qu’a
tracé Allah pour nous… A chacun ses croyances, à chacun ses interprétations.
Très étonnée, je constate qu’ils considèrent l’homme blanc comme un être
supérieur, vecteur de progrès, moi qui me sens ici, comme une petite fourmi… Il
paraîtrait même que des milliers de prophètes parcement les cieux à la création
du monde, les 243 premiers à être descendus sur terre étaient blancs. Je reste
septique… De son message je décide de ne
retenir qu’une chose principale : il faut chercher le bien pour
être en total harmonie avec soi-même et aller de l’avant.
Avant de partir j’échange quelques paroles
avec le jeune homme au cahier, nous avons la même opinion malgré tout ce qui
nous sépare : l’homme est sans cesse partagé entre le bien et le mal,
chacun choisit son camp…
2ème leçon : les choses les plus simples sont souvent les meilleures.
MERCREDI 23
FEVRIER
Une panne et une crevaison plus tard… nous reprenons la route vers Djibo en
passant par Arinbinda où nous découvrons des gravures rupestre
Par chance, il y a une auberge de jeunesse à Djibo ! Heu, bon, celle là, elle ne doit pas être classée. Les locaux sont tellement délabrés, les matelas tellement « gatés », les chambres tellement infectées d’insectes en tout genre que nous optons pour une douche en espadrille et une nuit à la belle étoile.
Au réveil, une surprise nous attend... Autour de nous, des vautours se
pavanent dans une danse majestueuse. Si leur gueule est assez effrayante, leur
façon de tournoyer est plutôt hypnotisante. Visiblement nous ne sommes pas leur
cible, ouf !
Le camion nourricier, lui, ne se montre toujours pas, serait-il de mise avec les vautours ? (…)
A OUAHIGOUYA, nous nous arrêtons à l’ASED,
l’orphelinat où nous allons passer un moment inoubliable. Le contact se
fait très vite, nos jeunes vont à la rencontre des enfants de l’association et
déjà, un climat d’échange se dessine. Je m’atèle à la cuisine avec les animatrices
qui, à ma grande surprise, découvre la recette du taboulé. Elles en profitent
pour se moquer de ma façon de cuisiner « à
l’occidentale », mais je n’en ai que faire et Manu et moi les taquinons à notre
tour en leur montrant que l’on peut faire une sauce avec de la moutarde… La
bonne humeur est de la partie et c’est avec allégresse que les enfants
partagent leurs jeux et leurs chants avec nous. Nos émotions nous submergent
car malgré les sourires qui marquent les
visages de ces enfants, comment ne pas avoir conscience que leur avenir n’est
qu’incertitude. Bientôt, nous seront rentrés chez nous, entourés des proches
aimants et de notre confort matériel. Eux, seront encore là, plein de l'espoir
d’une vie meilleure.
Le camion ne pointant toujours pas le bout de son pare-choc nous décidons de passer la nuit dans l’annexe de l’orphelinat, une petite maison nous offrant douche et terrain pour planter le camp. Quelques enfants nous rejoignent, les plus grands nous ont concocté du riz gras accompagné d’une sauce au poisson.
VENDREDI 25
FEVRIER : LE MALI
Le paysage change radicalement !
Du Burkina, son paysage alternant entre
sécheresse et dunes de sable, ses villages en terre et ses cases surmontées de
chapeaux de paille en pointe ; au Mali, ses falaises ressemblant à des
minis canyons, ses champs verdoyants de plantations d’oignons, ses magnifiques
cases à Palabres aux piliers sculptés par des mains expertes et aux
gigantesques toits en tige de mil s’élevant jusqu’au ciel. Ces cases à Palabres
sont réservées aux discussions masculines et aux « tribunaux » du
village, c’est là que tout se règle. Mais en tant normal, seuls les hommes s’y
prélassent.
Au Mali, les visages aussi sont différents : le squelette de la tête est marqué par une mâchoire avancée surplombée de grandes dents et des signes tribaux encrés dans leur cou, leurs lèvres, leurs oreilles donnent aux peuples Maliens une caractéristique particulière.
La pauvreté et le sous-développement semble
plus marqués encore, surtout dans les villages situés au milieu de la brousse
et dans les grandes villes, les enfants sont moins oppressants bien que
toujours demandeurs et on rencontre moins d’adeptes de la langue française, ce
qui rend l’échange encore plus difficile.
Nous nous arrêtons dans le désert à la
rencontre d’une population en pleine activité. 2 puits séparent les hommes des
femmes et chacun travail sans relâche. Les hommes et les garçons tirent l’eau
du puit à l’aide d’un dromadaire tandis que les femmes usent de leurs bras dans
un tumulte des langues.
Nous poursuivons ensuite notre route
jusqu’à un village dont nous ne pouvons qu’admirer l’architecture. Le chef du
village tente de négocier le prix des photos, nous décidons donc de ranger nos
appareils.
Le tourisme blanc laisse des traces où qu’il passe… Nous profitons
ici de la plus belle case à Palabre de la région pour enrichir notre culture de
l’histoire du peuple Dogon.
Ce soir, le bivouac se fera à 30 minutes
des falaises de Bandiagara, toujours entourés de notre public qui se renouvelle
sans cesse. Je constate une fois de plus le « pouvoir » des blancs en
observant Maurice (notre responsable prestataire) faire régner l’ordre en
traçant une ligne sur le sol avec son pied que les Maliens n’osent
franchir… Mais j’ai aussi compris une
chose qui calme ma révolte contre la suprématie blanche : c’est un mode de
fonctionnement ici. Comme je l’ai dit tout à l’heure, le plus vieux règne sur
le plus jeune et même entre eux, les noirs sont très autoritaires et n’hésitent
pas à brandir la baguette pour mettre de l’ordre. Sans doute des restes du
colonialisme…
SAMEDI 26
FEVRIER
La journée s’annonce sportive : après
quelques 60 minutes d’attente habituelle (à l’ordre du jour : problème
électrique sur le camion nourricier) le sable nous montre qui décide ici, et
c’est, toujours avec bonne humeur que nous lui prouvons que l’union fait la
force. « Les Blancs » : 1 / le sable : 0. Non mais !!!
Grenier à grains Nécropole 150 ans d'âge !!!
DIMANCHE 27
FEVRIER
La sortie des masques Dogon, quel privilège !
Malheureusement, aujourd’hui c’est plutôt Zombie party, au menu : nausée,
mal de ventre et diarrhée… Je vous passe les détails...
Malgré tout, la fête bat son plein :
défilé de chasseurs Dogon accompagnés de leur effrayante Hyène, et les
magnifiques masques et costumes Dogon venus des différentes contrées du pays.
Leurs danses sont envoûtantes et il y a presque plus de participants que de
public.
(voir plus de photo dans l'album Bukina-Faso/Mali - février 2005)
LUNDI 28 FEVRIER - DJENNE
Non, il s’agit ici de pirogues géantes sur
lesquelles on passe les voitures et les camions pour traverser le fleuve du
Bani. Nous en profitons pour faire nos petites affaires (on a bien compris
l’histoire du troc depuis que nous sommes au Mali).
Nous arrivons à Djenné sous une chaleur
vraiment pesante et l’eau de nos gourdes est chaude. Pour ne rien arranger,
nous sommes en retard sur le planning et nous devons faire vite pour visiter
cette magnifique ville qui aurait mérité qu’on l’honore en y restant un jour ou
2. Djenné est très typique, on dit que c'est la petite sœur (jumelle) de
Tombouctou. Les maisons sont faites de Banco (un mélange de paille et de terre)
et régulièrement (tous les 2-3 ans), les habitants travail le Banco dans des
grands trous au sol de la taille d’une empreinte de dinosaure (genre j’ai déjà
vu un dinosaure…) et en recouvre leurs maisons d’une couche supplémentaire en
prévision de la saison
des pluies. On retrouve à Djenné 2 types d'architectures : marocaine et soudanaise.
Pendant que nous traversons le marché, l’odeur forte du banco se mêle aux milles odeurs des épices, des peaux, des fruits et des légumes et nos narines s’emplissent de ces senteurs propres à l’Afrique. Que c’est bon ! (enfin, pas pour tout le monde, pauvres petits estomacs retournés…).
Djenné, peut-être nos chemins se croiseront à nouveau un jour…
En attendant, nous voici à Mopti. Vite dans
la pirogue avant que la nuit ne tombe. Nous accostons dans un village de pêcheurs,
les Bozo. Puis, nous passons du Bani au Niger pour rendre une petite visite à 2
ethnies voisines mais qui ne se côtoient pas pour autant (ah ben voilà, il n’y
a pas chez nous qu’on ne parle pas à ses voisins) : des Touaregs et des
Bozos je crois.
MARDI 1 MARS
La fin de notre voyage approche...
De retour à Ouaga, nous sommes acceuillis dans une école publique, on peut se demander qui des enfants ou de nos jeunes sont les plus intrigués. Nous sommes agréablement supris de la rigeur avec laquelle sont donné et suivi les leçons. Et dans la cours de récréation, les cris des enfants nous rappel que partout dans le monde ils en sont l'avenir...